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II. Les axes de recherche du CEMI-EHESS ces dernières années.

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Les orientations de recherche mises en oeuvre s'articulent autour de trois axes. Ces derniers correspondent au regroupement logique des travaux engagés ces dernières années ainsi qu'aux pistes de recherches qui ont fait l'objet d'approfondissements. Ils articulent des éléments d'analyse descriptive mais aussi des programmes de recherches théoriques ambitieux.

De manière cohérente avec l'inscription du CEMI-EHESS dans l'espace de l'économie institutionnaliste et plus particulièrement dans celui de l’école régulationniste, ses membres entendent combiner une forte présence sur des terrains concrets, au sein des aires culturelles mais aussi des thématiques sectorielles qui correspondent à l'histoire intellectuelle du Centre, à des approfondissements théoriques qui les mettent en contacts immédiats avec des chercheurs engagés sur des problématiques parallèles. La recherche d'un dialogue avec les autres sciences sociales, qui est une volonté délibérée dans la stratégie scientifique du CEMI, s'accompagne et se nourrit d'une égale volonté de dialogue avec les divers courants de l'aire hétérodoxe en économie.

Les membres du CEMI s'inscrivent dans les orientations de recherche du Centre à partir de leurs projets personnels. Ceci explique qu'ils peuvent apparaître à plusieurs reprises au sein des diverses orientations, en fonction de la nature de leurs travaux.

 

Les quatre axes structurant les recherches menées au CEMI-EHESS sont alors les suivants:

I. Trajectoires du changement institutionnel dans le cours de la transition post-socialiste: un archétype de la construction de la diversité des capitalismes?

Les dynamiques du changement institutionnel observables dans le cours de la transition post-socialistes, parce qu'elles se déroulent dans des économies très différentes (Europe Centrale et Orientale, ex-Union Soviétique, Chine, Viet-nam, Cuba) permettent de réunir un matériaux précieux pour une analyse générale des tendances à la diversité du capitalisme contemporain. Catherine de Montlibert envisage quant à elle

Le développement des institutions dans la Russie pré-révolutionnaire.

L'étude de ces dynamiques se doit de se faire à des échelles d'observation différentes. La compréhension de ces dynamiques passe par une combinaison de travaux portant sur la mise en oeuvre de certaines réformes globales, comme les processus de privatisation (travaux de Petya Koleva, Eric Magnin), la création de systèmes de financement hiérarchisés (Jacques Sapir) ou d'ouverture à la concurrence internationale (Julien Vercueil).

Ces dynamiques peuvent conduire à des crises monétaires violentes (travail de Vera Stulic sur l'hyperinflation yougoslave puis Serbe) ou engendrer des phénomènes de morcellement de l'espace monétaire. La question de la répartition des revenus, et de l'action de la puissance publique est immédiatement présente dans une compréhension de ces dynamiques (Laila Porras).

On souligne ici l'importance des travaux portant sur l'interaction entre ces réformes et le contexte macroéconomique et en particulier dans les domaines monétaires et financiers (Hélène Clément-Pitiot, Jacques Sapir, Tatiana Sprenskaia). L'interaction entre les dynamiques monétaires et financières et les changements dans le domaine de la propriété est l'un des sujets d'application de cette démarche (Petya Koleva, Vera Stulic).

Ces recherches doivent conduire à une réflexion sur la contextualisation des réformes par rapport à leurs caractéristiques générales. Les dynamiques particulières qui émergent à l'échelle des branches industrielles et des restructurations dans les organisations productives constituent alors des objets connexes (travaux de Cedric Durand). Ils permettent d'évaluer la présence de dynamiques convergentes ou contradictoires à l'intérieur d'un processus situé au sein d'une économie nationale donnée. L'enjeu est ici de comprendre les conditions qui conduisent soit à l'émergence de bifurcations majeures, soit au contraire à la stabilité relative du modèle initial (travaux de Bernard Chavance, Eric Magnin, Jacques Sapir et Assen Slim).

Une comparaison de ces dynamiques avec d'autres processus de changement institutionnel, qu'ils se situent dans le cadre d'économies nationales ou dans des cadres régionaux (le processus d'intégration dans le cadre de l'UE suivi par Eric Magnin, Liliana Petrovic et Assen Slim) doit servir à valider les hypothèses sur la relation entre contexte et nature dans le cours des processus de réforme.

Les éléments d'analyse de la diversité des formes de capitalisme met alors l'accent sur l'impact du changement institutionnel sur la stabilité des trajectoires, la résilience de ces dernières (travaux de Bernard Chavance, Petya Koleva, Agnès Labrousse, Eric Magnin et Caroline Vincensini).

Un accent particulier doit être mis ici sur la question de l'économie de rente les conditions de violence sociale ou armée qui accompagnent la mise en oeuvre de certaines réformes (Eric Lahille, Dominique Lebleux) et l'impact sur l'ensemble de l'architecture institutionnelle.

Les implications sociales et écologiques du changement institutionnel apparaissent alors comme l'une des conditions de la soutenabilité des réformes et des transformations telles qu'elles sont impulsées par les gouvernements et les institutions financières internationales (travaux d'Assen Slim, de Krystina Vinaver).

Les spécificités de certaines productions induisant de très fortes externalités, les combinaisons de contraintes techniques et de conflits politiques, incitent alors à tenter de jeter des passerelles entre l'approche en termes d'économie politique et l'économie industrielle. De ce point de vue, l'émergence de la nouvelle branche des "alicaments" n'est pas non plus sans nécessiter une relecture des problématiques de l'innovation en connexion avec l'économie industrielle et l'économie du changement institutionnel (travaux de Bernhard Kitous).

II. Les mécanismes des crises financières, et leurs conséquences monétaires.

La veille concernant les crises financières internationales fait partie intégrante des travaux du CEMI-EHESS, depuis 1996. Dans les dernières années, ce thème a trouvé une nouvelle importance avec le déploiement de la crise des « subprimes » aux Etats-Unis, puis son extension progressive à l’Europe. Diverses recherches ont été menées, que ce soit sur les fondements de cette crise (Jacques Sapir) ou ses répercussions sur les pays du « Sud » (Cédric Durand) ou encore sur la Russie mais aussi l’émergence de nouvelles formes de thésaurisation à l’échelle internationale.

Les travaux de Renaud Bouchard sur la dynamique actuelle des fonds souverains permet de délimiter une nouvelle géoéconomie financière tendis que ceux de Hatmi Zeineb (en co-tutelle avec l’Université de Tunis) cherchent à apporter des éléments d’appréciation des banques dites « islamiques » dans leur capacité supposée à résister aux crises financière. Quant à Mael Rolland, il analyse l’impact de la crise sur les institutions de crédit « socialisé ».

Jérôme Leleuquant à lui analyse les problèmes des finances publiques à Cuba dans le cadre d’une transition lente.

Les recherches sur les causes des crises financières mettent en avant l’importance du problème du partage des revenus (que l’on avait déjà connu en Russie de 1995 à 1998). Ceci pose le problème du degré de protection d’une économie, travail où se retrouvent Julien Vercueil, Jacques Sapir et Remi Bourgeot.

Les répercussions monétaires de la crise financière ont donné naissance aux travaux de Esftathia Antiochou et Jacques Sapir sur la zone euro en général et la Grèce en particulier tandis que Bellona Markusen envisage les conséquences possibles sur le Franc Pacifique (CFP). Les conséquences potentielles sur la Russie sont étudiées par Mstislav Afanassiev et Jacques Sapir.

III. Spatialité et temporalité des processus de changement institutionnel et de diversification des économies capitalistes contemporaines.

Les processus de changement institutionnel s'inscrivent tous dans des espaces définis. Ils sont dotés d'une histoire et ils renvoient à une représentation du temps chez les acteurs. les notions d'espace et de temps sont donc essentielles à l'intelligence des dynamiques issues des processus de changement institutionnel et de leur capacité à aboutir à des effets de diversification des formes du capitalisme.

Ces effets se matérialisent à travers des différenciations de trajectoire qui affectent tout autant les économies nationales que des branches particulières du système productif. L’émergence de formes divergentes dans la coordination intra-branches et inter-branches est ici un des symptômes de cette diversification. Les travaux de Philippe Migaut et Adrien Caralp envisagent ceci du point de vue de la filière de l’industrie des armements. Elle appelle une approche comparatiste, à la fois entre pays (études des effets de "transplantation" d'industries,, Karim Bouzoubaa), mais aussi entre branches. Ces divers travaux font alors apparaître la possibilité de conflits de temporalités, issus du choc entre l'ordre industriel, l'ordre marchand et l'ordre financier. Se pose aussi la question du développement des PME en Russie, qui fait l’objet d’une étude d’Anna Khlopova.

Ces effets se matérialisent aussi dans des dynamiques économiques et sociales particulières enracinées dans des territoires. La manière dont ces dynamiques territorialisées se confrontent et s’articulent dans un système productif national constitue alors une approche privilégiée. L'analyse des transformations dans l'espace ex-soviétique fait aussi apparaître l'importance des services publics et des infrastructures dans le domaine de l'énergie comme un facteur important dans la diversification et la restructuration des territoires.

L'articulation entre les changements institutionnels et les espaces d'action pertinente induit alors une réflexion spécifique sur l'émergence de zones régionales appelées à se structurer à travers des accords de partenariat, et sur la redéfinition des identités, nationales et locales, qui peut en découler (Olga Kolesnichenko, Maxime Filandrov, Eric Magnin, Julien Vercueil).

Les processus de changement institutionnel affectent aussi les rapports sociaux tels qu'ils se sont constitués dans des cadres locaux, mais aussi sur la base d'héritages particuliers. La pathologie du changement institutionnel peut prendre la forme de l'émergence de la violence armée (travaux d'Eric Lahille) et de la criminalité organisée. Cette dernière induit une recomposition tant des flux économiques que des formes de structuration des groupes sociaux (travail de Dominique Lebleux sur la corruption).

IV. La théorie économique face au changement institutionnel et à la diversité.

Les principaux thèmes envisagés dans le cadre du projet du CEMI-EHESS soulèvent d’importants problèmes théoriques. Ils sont porteurs de réfutations et de remises en causes des paradigmes standard de rationalité et de comportement des agents. Les recherches engagées au CEMI contiennent donc des dimensions théoriques qui sont appelées à prendre une place de plus en plus importante dans les travaux du Centre. Ces dimensions théoriques s’articulent autour de la combinaison des axes suivants.

Un premier axe concerne la méthodologie qui pourrait être réellement pertinente pour une approche institutionnaliste et favoriser le dialogue entre économistes et autres disciplines des sciences sociales (travaux de Yael Dosquet, Jacques Sapir). Quels sont les critères de vérification compatibles avec une remise en cause des hypothèses de rationalité maximisatrice et d’ergodicité des processus économiques. L'un des points cruciaux est ici l'intégration dynamique de l'incertitude radicale (travaux de Hélène Clément-Pitiot sur les interactions entre économie institutionnaliste et théorie mathématique de la viabilité).

Les enseignements pour une théorie de l’acteur économique des recherches actuelles sur le changement systémique viennent s'intégrer alors à ces recherches mobilisant la problématique de l'épistémologie. Quelles seraient ainsi les conséquences d’une remise en cause du modèle standard de formation des préférences des agents (Jacques Sapir). Il s'agit aussi de préciser les passerelles avec d’autres disciplines, qu'il s'agisse de l'histoire de la psychologie (Maxime Petrovsky) ou de la sociologie (Caroline Dufy).

Ceci conduit à envisager la dimension heuristique de l’histoire de la pensée économique. Une question soulevée de manière récurrente est de savoir comment la relecture des débats constitutifs de l’analyse économique moderne permet-elle d’envisager les interactions entre les institutions et les dynamiques économiques (Yael Dosquet, Agnès Labrousse).

On envisage alors de quelle manière une approche du changement systémique par les institutions et les organisations peut-elle éclairer les débats entre institutionnalisme et évolutionnisme (Petya Koleva, Caroline Vincensini) et comment une telle approche réactive-t-elle le débat entre économie et droit. La question de la fonction performative du Droit prend alors une importance particulière. Il faut en effet penser la centralité des règles dans la coordination entre agents (Bernard Chavance), ce qui ne peut se faire sans penser les fondements du Droit (Jacques Sapir).

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