Activités scientifiques

I. Présentation scientifique des travaux du CEMI-EHESS et l’identité scientifique du Centre

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Les travaux de recherche menés dans le cadre du CEMI-EHESS depuis ces dernières années, s'inscrivent de manière générale en économie et plus précisément dans le cadre d’une analyse institutionnaliste à la fois théorique et appliquée. Ces travaux portent sur la dynamique des changements institutionnels dans les économies développées et émergentes, les problèmes financiers et monétaires tant des économies ex-soviétiques qu’européennes et sur la diversité des capitalismes. Ceci inclut à la fois des approches par pays et des approches thématiques. Les questions relatives à l'articulation des systèmes productifs, saisis dans leurs dimensions industrielles et organisationnelles, aux contextes macroéconomiques et institutionnels constituent ainsi un socle pour des travaux qui ont été amenés à explorer ensuite de nouvelles perspectives.

Cette problématique institutionnaliste ainsi que l’accent mis sur les changements institutionnels sont héritées de recherches antérieures, dont certaines datent de la fin des années 1960 qui sont constitutives de l'identité scientifique très affirmée du Centre et de son histoire intellectuelle.

I. Industrialisation, développement et dynamiques des anciennes économies socialistes.

            Les recherches initiales du CEMI-EHESS portaient essentiellement sur les modes de développement des trajectoires d'industrialisation et de développement, dans les économies socialistes (URSS, Europe de l'Est, Chine et Cuba) mais aussi dans les économies dites "en développement" (Inde, Algérie). Ceci a été rapidement couplée à celle de la diversité des formes de l'économie capitaliste, tant dans une démarche comparative que dans une démarche historique. Les dimensions empiriques et théoriques ont ainsi été dès la naissance du Centre profondément imbriquées dans les problématique des chercheurs.

Les choix, intentionnels ou non-intentionnels, qui concernent le "que produire" comme le "comment produire", mobilisent en permanence des formes institutionnelles qui évoluent ou sont délibérément transformées en fonction des contraintes que ces choix font apparaître. Cependant, la persistance historique de certaines formes institutionnelles tend à montrer que les trajectoires d'industrialisations provoquent des irréversibilités tant dans le reproduction des contraintes que dans celle des solutions. À l'encontre de l'hypothèse d'une convergence progressive vers une solution optimale, les recherches menées depuis l'origine du Centre tendent à montrer que la diversité des formes institutionnelles, et des représentations qu'elles engendrent à la fois à l'échelle de la formulation des politiques économiques et des choix internes des entreprises, constitue une norme et non une exception.

Cette hypothèse de la normalité de la diversité ne rejette pas l'idée que des transformations majeures puissent survenir. Les trajectoires identifiées sont sujettes à des torsions et parfois des basculements. Cependant, les processus de changement s'inscrivent toujours dans la perspective particulière des trajectoires de longue durée. L'intelligence de ces dernières détermine dans une large mesure celle des changements en cours.

II. L'importance des leçons des transitions en Europe Centrale et Orientale et en Asie.

            Les recherches menées depuis la fin des années quatre-vingt sur les processus de transition, dans l'ex-Union Soviétique comme en Europe Orientale ou en Chine ont entraîné un renouvellement des perspectives, tout en confirmant l'importance des axes fondateurs du Centre.

Ces recherches ont été délibérément menées à des échelles d'observation différentes. Les travaux passés du Centre ont ainsi abordé différents niveaux. Il y a eu une perspective microéconomique, avec des études menées sur des trajectoires d'entreprises tant locales qu’étrangères nouvellement implantées (Renault, Total). Face à cela on trouve aussi des recherches macroéconomiques comme sur le processus d'intégration des pays d'Europe Centrale et Orientale à l'Union Européenne ou les problèmes de l’intégration financière et monétaire. Ces travaux ont donné naissance à des recherches plus théoriques, portant sur les dynamiques d’inflation ou celles de la stabilité financière (en particulier dans le cas de la Russie). Enfin, on trouve aussi des études portant sur des niveaux intermédiaires, comme les dynamiques de transformation branches industrielles ou des territoires.

Il est incontestable que ces recherches ont contribué à renouveler, à l'échelle mondiale, l'intérêt des chercheurs pour la problématique institutionnaliste. Les travaux du CEMI ont conduit ses chercheurs à s'intégrer de manière importante dans la communauté scientifique internationale, que ce soit par la participation régulière aux rencontres scientifiques majeures, par des publications en dehors de la sphère scientifique de langue française, et enfin par la participation et l'organisation de véritables équipes internationales dans le cadre des programmes développés par le Centre.

Mais ces recherches ont aussi eu comme conséquence un retour vers des problématiques plus européennes voire françaises, autour des interrogations sur les conditions de viabilité de la monnaie unique.

III. Changement systémique et renouveau du paradigme institutionnaliste.

            La période a été marquée au sein de la communauté des économistes par le retour en force du paradigme institutionnaliste ainsi que de la problématique du dialogue entre Droit et Économie. Le basculement des paradigmes auquel on a assisté correspond, dans une large mesure, aux effets de la confrontation des économistes à un changement systémique majeur et chaotique dans les anciennes économies socialistes. Les chercheurs du CEMI ont eu très tôt une pleine conscience de ce qu’impliquaient ces bouleversements.

La pluralité des points de vue qui s'expriment au sein de ce paradigme institutionnaliste, et qui peut même porter sur la définition des institutions, n'est que le contrepoint d'un consensus qui aujourd'hui s'affirme autour de la centralité de cette problématique. Dépassant les frontières de l'analyse économique, cette pluralité suscite des échanges d'un importante grandissante avec les autres disciplines des sciences sociales, comme l'histoire, la sociologie ou l'anthropologie. Le CEMI a participé de manière régulière aux initiatives permettant de tisser des liens forts avec les autres disciplines, et a cherché, par un effort particulier de réflexion théorique, à impulser une stratégie d'échange d'objections entre des champs disciplinaires différents.

Le constat de la permanence des diversités ainsi que celui de la forte identité de certaines trajectoires soulève des questionnements scientifiques importants. Pour éviter le risque de tomber dans des hypothèses saturantes, en particulier de nature culturaliste, il convient de développer les éléments de théorie permettant de rendre compte du recours au "ré-emploi" des institutions anciennes évoqué par les historiens, et de l'usage des routines au sein même des processus d'innovation.

Les travaux empiriques doivent alors s'articuler sur une double réflexion théorique, concernant d'une part le modèle de l'agent qui serait le plus pertinent pour rendre compte des dynamiques institutionnelles, et d'autre part le statut de ce modèle de l'agent dans le discours économique.

EHESS
LADYSS. Université Paris 7
INALCO
MSH (Maison des Sciences de l'Homme)

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